Contexte du projet

La Risle est une rivière normande qui traverse les départements de l’Eure et de l’Orne avant de se jeter en rive gauche de la Seine, près de la commune de Pont-Audemer. S’étirant sur un linéaire de 145 km jusqu’à son embouchure dans l’estuaire de la Seine, elle est considérée comme le dernier affluent du fleuve. Sa proximité avec la mer en fait un cours d’eau particulièrement attractif pour de nombreuses espèces piscicoles amphihalines, telles que la Truite de Mer (Salmo trutta trutta), la Lamproie marine (Petromyzon marinus), l’Anguille Européenne (Anguilla anguilla) et le Saumon Atlantique (Salmo salar).

Cette attractivité était cependant compromise par la présence de nombreux ouvrages hydrauliques infranchissables pour les espèces migratrices. En raison de leur hauteur de chute, ces aménagements entravaient la libre circulation des poissons, les contraignant à se reproduire principalement dans la Corbie, un affluent se jetant dans la Risle dans sa partie maritime. Cela réduisait considérablement les habitats disponibles, limitant ainsi la colonisation à une infime partie du bassin.

Face à ce constat, une avancée majeure a été réalisée en faveur de la reconquête du bassin par les poissons migrateurs à la fin de l’année 2021 avec l’aménagement de l’ouvrage de la Madeleine, premier obstacle infranchissable sur le cours d’eau depuis l’estuaire de la Seine. Après avoir franchi cet ouvrage, les poissons sont ensuite confrontés à un autre ouvrage hydraulique, le barrage des 7 Vannes, dont l’unique voie possible est un bras de contournement construit en 2017.

Afin de mesurer l’efficacité des travaux de restauration sur le bassin, notamment en lien avec l’aménagement de l’ouvrage de la Madeleine, la Fédération de l’Eure pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique a installé une station de comptage des poissons migrateurs (STACOMI) sur ce bras de contournement.

Enjeux et objectifs

Les travaux mis en place lors de ce projet avaient plusieurs objectifs principaux :

Assurer un meilleur suivi des flux migratoires sur le cours d’eau.

Évaluer l’efficacité des travaux de restauration de la continuité écologique, notamment l’aménagement de l’ouvrage de la Madeleine.

Collecter des données scientifiques importantes sur les populations migratrices et leurs déplacements.

Partager les données collectées avec les partenaires locaux (syndicats, fédérations de pêche, chercheurs, etc.) et nationaux (OFB, administrations, etc.).

Sensibiliser le grand public à l’importance de préserver la continuité écologique pour assurer le bon déroulement du cycle de vie des poissons.

Descriptif détaillé du projet

Schéma de la station de vidéo-comptage installée sur le bras de contournement du barrage des 7 vannes

Depuis 2022, les travaux effectués sur le barrage de la Madeleine permettent aux poissons d’accéder à la partie amont du bassin versant.


Une station de comptage, comment cela fonctionne ?

Le système de vidéo-comptage fonctionne sur la détection des mouvements :

  • La station de comptage dispose d’une caméra sous-marine combinée à un logiciel de reconnaissance automatique permettant de compter les poissons et de les identifier en fonction de leur taille et de leur espèce
  • La caméra filme en continu le couloir de passage emprunté par les poissons, et le flux vidéo est retransmis en direct
  • À chaque passage d’un poisson, un comptage est effectué et l’enregistrement vidéo est réalisé
  • Les fichiers vidéo sont conservés quotidiennement sur un serveur informatique à distance
  • Ces fichiers sont ensuite analysés par un technicien de la Fédération, qui les compile pour obtenir une vision globale des résultats recueillis

Le module de vidéo-comptage de la station de suivi peut également être remplacé par une cage piège. Ce dispositif permet d’effectuer la capture et le marquage de poissons dans le cadre de suivis piscicoles (suivis acoustiques, télémétrie). Ces études permettent d’améliorer les connaissances sur les comportements migratoires des poissons face aux aménagements réalisés et d’évaluer ainsi la politique de restauration de la continuité écologique sur l’ensemble du bassin versant de la Risle.

Résultats

Les premiers résultats obtenus ont mis en évidence l’efficacité des travaux d’aménagement de la Madeleine. Depuis sa mise en fonctionnement, la Fédération de Pêche a ainsi pu dénombrer 26 espèces de poissons fréquentant le lit de la Risle, dont l’ensemble des espèces migratrices attendues ou supposées sur le bassin : Truites de Mer (près de 1 000 individus à ce jour), Lamproies marines, Lamproies fluviatiles, Anguilles européennes, Saumons Atlantiques et Aloses. La fréquence d’apparition de ces deux dernières espèces est cependant plus anecdotique.

Vidéo de l’action

Ce projet a été financé par l’Agence de l’Eau Seine Normandie et le Conseil Départemental de l’Eure.