Contexte de l’étude

En 2024, la Fédération de l’Aisne pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique, en partenariat avec l’association loi 1901 La Roselière et l’A.A.P.P.M.A des étangs communaux de Pierrepont, a lancé une étude sur la Souche et son marais.

S’étendant sur une période de 3 ans, l’étude consistait au suivi scientifique de trois espèces piscicoles à l’amont et à l’aval de la réserve naturelle de Vesles-et-Caumont.

D’intérêts multiples, ce suivi avait pour objectifs :

  • d’accroître la résilience des écosystèmes aquatiques de la réserve naturelle face aux phénomènes extrêmes (sècheresses)
  • une meilleure prise en compte du rôle de ces espèces comme indicateurs de la qualité de l’eau dans les milieux tourbeux
  • d’évaluer les actions de gestion actuelles et de proposer des mesures alternatives
  • d’améliorer les connaissances sur le fonctionnement du marais et le cycle de vie des espèces piscicoles ciblées
  • de proposer de nouvelles stratégies de conservation et de préconiser d’éventuels travaux pour favoriser la résilience des écosystèmes

Quelles sont les espèces suivies ?

3 espèces indicatrices ont été sélectionnées pour cette étude :

La Lote de rivière (Lota lota) : espèce piscicole trop méconnue et en forte régression dans les cours d’eau du département. Elle est très sensible aux variations de température et se reproduit dans les eaux avoisinant les 5°C à 6°C en hiver.

Le Brochet (Esox lucius) : espèce emblématique des pêcheurs aux carnassiers, son cycle de vie dépend du bon fonctionnement naturel de la Souche et de son marais. Sa reproduction s’effectue juste après celui de la Lote, dans les zones végétalisées submergées en période de crue.

La Lamproie de Planer (Lampetra planeri) : seule lamproie non parasitaire vivant en eau douce, elle passe la majeur partie de son existence au stade larvaire, restant enfouie dans les sédiments de nos cours d’eau. Il s’agit d’une espèce très sensible à la pollution.

Un suivi de pointe avec des technologies innovantes !

Un suivi démo-génétique

Au cours de l’étude, le peuplement piscicole sera évalué avec des pêches électriques, méthode non létale permettant d’échantilloner précisément les zones de frayères.

En complément, une méthode originale et novatrice de dénombrement des reproducteurs efficaces sera également mise en place dans le cadre du suivi du Brochet dans le marais. Cet indicateur s’obtiendra à partir de l’analyse de matériels génétiques prélevés sur les alevins capturés et permettra de mieux définir le nombre d’adultes à l’origine de la reproduction observée. Un nombre trop faible dénombré sera alors un marqueur fort d’un risque appauvrissement génétique et sera susceptible d’être révélateur d’un dysfonctionnement au sein du milieu naturel.

Exemple de Pit-tag RFID

Utilisation de la technologie RFID (Pit-tag)

La télémétrie RFID est une méthode de suivi qui se développe aujourd’hui de plus en plus pour analyser les mouvements piscicoles au sein des cours d’eau et des zones humides.

Chaque poisson capturé au sein de la réserve sera ainsi muni, par intervention chirugicale, d’un transpondeur passif ou Pit-tag afin de mesurer notamment leurs différents déplacements dans le cours d’eau et le franchissement des passes à poissons et des seuils.

Emplacement du Pit-tag sur les individus prélevés

Pour détecter les poissons marqués, 4 portiques seront placés stratégiquement dans la rivière et le marais. Un détecteur mobile (porté à pied ou en canoë) sera utilisé quotidiennement afin de connaître de façon fine le déplacement des poissons.

La pesée,la mesure, le marquage et les prélèvements génétiques sur les poissons ont été effectués par le bureau d’étude Scimabio Interface.


Etude de la thermie et des niveaux d’eau

Un suivi de la température et des niveaux d’eau dans le marais sera mis en place et mis en relation avec le mouvement des poissons. Pour se faire, un maillage complet du secteur par installation de sondes thermiques sera réalisé afin d’enregistrer en continu la température avec un pas de temps horaire. Les différents résultats seront confrontés aux exigences des espèces piscicoles.

Protocole détaillé

L’étude a commencé en juin 2024 avec le marquage et les prélèvements génétiques sur des individus de Lotes et de Brochets et se poursuivra comme prévu sur 3 ans afin de couvrir plusieurs cycles de reproduction et de maturité des juvéniles. Plusieurs campagnes auront lieu durant l’année 2024, que ce soit avec l’aide de pêcheurs riverains (pêche à la ligne) ou avec des pêches d’inventaire.

Vidéo de présentation de l’étude

L’ensemble de l’étude est financé par l’Agence de l’Eau Seine Normandie et par la région Hauts-de-France.