
Contexte du projet
L’Oise est une rivière de 2ᵉ catégorie qui prend sa source à Chimay, s’écoule sur un linéaire de 5 200 km de linéaire avant de se jeter dans la Seine à Conflans-Sainte-Honorine. Près de la commune de Berthenicourt (02), le cours d’eau a été la cible d’une importante pollution le vendredi 3 août 2018 à la suite d’un déversement massif de vinasse (rejets issus de l’activité vinicole) venant d’une usine située plus en amont (Origny-Saint-Benoîte). Cet important déversement de matière organique, combiné à de faibles débits d’étiage, a entrainé une forte baisse du taux d’oxygène dissous dans l’eau, du lieu du déversement jusqu’à la commune d’Achery pour le bras secondaire et du lieu de déversement jusqu’à la commune de Vendeuil pour le bras principal.
Cette anoxie (diminution de la quantité de dioxygène disponible pour les tissus de l’organisme) a provoqué une forte mortalité piscicole affectant l’ensemble des espèces, du lieu de déversement jusqu’à la confluence avec la Serre. Sur ce site, le cours d’eau présentait également toutes les caractéristiques d’un cours d’eau dont le fonctionnement hydrologique a été fortement modifié par le passé : tracé rectiligne, écoulements homogènes, déconnexion du lit mineur avec le lit majeur… Néanmoins, il subsistait non loin du tronçon les formes d’un ancien bras en rive gauche sur une longueur d’environ 500 mètres et d’une largeur moyenne de 8 à 10 mètres. Ce bras était inondé en période de hautes eaux, mais se retrouvait vite à sec en période estivale par l’absence de véritable connexion.
Face à ces différents constats, la Fédération de l’Aisne pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique a engagé une procédure judiciaire à l’encontre de l’usine afin qu’une réparation du préjudice écologique soit appliquée. Cette réparation en nature devait comporter :
- des opérations de repeuplement piscicole pour aider à la reconstitution des populations piscicoles domestiquées
- des opérations de restauration de cours d’eau pour favoriser la régénération naturelle du peuplement piscicole pour les espèces non domestiquées
Après concertation, il fut décidé, en réparation du préjudice, de procéder à la restauration de deux annexes hydrauliques.

Tracé de l’ancien bras mort de l’Oise

Ancien bras mort de l’Oise (avant travaux)
Objectifs du projet
Le tronçon de l’Oise concerné par le projet a été identifié comme une potentielle frayère et zone de croissance ou d’alimentation pour la faune piscicole. Les travaux ont consisté à restaurer les zones de fraie pour les cyprinidés phytophiles et le brochet, ainsi que des zones d’intérêt pour la biodiversité caractéristique de la vallée de l’Oise.
1) Entretien de la ripisylve
L’opération a consisté en une reprise des résidus d’exploitation et des souches restantes, notamment au niveau de l’annexe hydraulique, par broyage à l’aide d’engins forestiers. Cette action a ainsi permis de limiter la fermeture trop rapide de la zone humide en éliminant les souches de peupliers ou de saules.
2) Travaux de terrassement
● Creusement du chenal existant, en l’orientant de manière à limiter son comblement, afin d’améliorer la connexion de l’annexe hydraulique avec le cours d’eau
● Reprofilage de l’annexe hydraulique pour permettre l’accueil de la faune piscicole, avec la réalisation d’un chenal d’écoulement en déblai-remblai et l’évitement des zones de « pièges à poisson »
● Création d’une « zone de nurserie » en amont, plus profonde que la partie aval, afin d’améliorer la dévalaison des alevins vers l’Oise, tout en constituant une zone d’abris pour la faune aquatique (poissons, amphibiens, odonates, etc.)
COURS D’EAU
● Reprofilage des berges en pente douce afin de favoriser le développement de la végétation et d’améliorer la continuité latérale du cours d’eau

Connexion de l’annexe hydraulique au cours d’eau

Bras mort de l’Oise à la fin des travaux
Résultats
Les travaux entrepris ont permis de restaurer 5 000 m² de frayères. Cette restauration a été évaluée en 2024 par une campagne de suivi par pêche électrique, confirmant la présence de brochets et de ses espèces accompagnatrices.
Le montant du projet s’est élevé à 22 620 € TTC. Il a été financé à 100 % par la Fédération de l’Aisne pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique.