
Contexte du projet
Un cours d’eau à forts enjeux écologiques !
Affluent du Gland et sous-affluent de la Seine par l’Oise, le Petit Gland est un cours d’eau de 29 km, serpentant à travers les départements de l’Aisne et des Ardennes. Classée en 1ʳᵉ catégorie piscicole, il se distingue par sa qualité écologique et la richesse de ses habitats naturels, propices au développement de la truite fario (Salmo trutta fario) et de ses espèces accompagnatrices. Compte tenu des dernières études, elle semble également constituée un milieu favorable pour la Mulette épaisse (Unio crassus), une espèce classée comme « vulnérable » sur la Liste rouge mondiale des espèces menacées de l’UICN.
Le Petit Gland est inscrit sur la liste 1 de l’article L.214-17 du Code de l’environnement, qui impose une gestion spécifique des ouvrages présents sur son cours. Cette réglementation vise à garantir la libre circulation des poissons migrateurs et des sédiments, contribuant ainsi au bon fonctionnement des écosystèmes aquatiques.
Un seuil abandonné, un frein à la vie aquatique !
À proximité de la commune de Saint-Michel (Aisne), un ancien seuil d’alimentation (ROE1224), autrefois utilisé pour alimenter le moulin de la Bovette, constituait un obstacle majeur au bon fonctionnement du cours d’eau.
Cet ouvrage générait de nombreux dysfonctionnements, parmi lesquels :
- Une rupture avec la continuité écologique et sédimentaire, limitant la dispersion des espèces aquatiques et le transport des matériaux
- Une banalisation des écoulements, réduisant la diversité d’habitats naturels disponibles
- Des berges abruptes, limitant l’accès à des zones refuges pour la faune et accentuant l’érosion
- Un lit fluvial homogène, dominé par une granulométrie fine (sédiment à faible diamètre), peu propice au développement d’une biodiversité aquatique variée
Face à ces enjeux, la Fédération de l’Aisne pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique a engagé en 2022 des travaux de restauration de la continuité écologique sur ce secteur, incluant l’effacement de l’ouvrage hydraulique et la préservation d’une zone humide située à proximité.

Vue aval de l’ouvrage hydraulique avant les travaux (rive gauche du Petit Gland)

Vue de l’ouvrage hydraulique depuis l’amont, avant les travaux

Aperçu du Petit Gland avant les travaux
Objectifs et enjeux du projet
Les travaux entrepris visaient à :
- Rétablir la continuité écologique et sédimentaire du cours d’eau au niveau du seuil d’alimentation
- Restaurer la dynamique fluviale et l’hydromorphologie naturelle du cours d’eau, en adéquation les besoins des espèces salmonicoles
- Restaurer les habitats naturels
Par ailleurs, les interventions ont été réalisées dans le strict respect des enjeux de conservation de la Mulette épaisse, présente sur le site, en limitant au maximum les impacts sur cette espèce protégée.
Descriptif détaillé des travaux
Les travaux ont fait l’objet d’un dossier de déclaration au titre de la loi sur l’eau, déposé le 14 avril 2021. Leur réalisation s’est déroulée du 13 septembre au 4 octobre 2022.

Grumes (peupliers et arbres de haut jet) mis en tas avant broyage et/ou export
1) 🪓 Entretien de la Ripisylve (50 m²)
L’intervention a débuté par une phase de traitement de la ripisylve située dans l’emprise de l’ouvrage. Ces travaux comprenaient des opérations de débroussaillage et d’abattage des arbres présentant un risque de verse.
Cette étape a non seulement facilité l’accès à l’ouvrage hydraulique dans le cadre de sa démolition, mais a aussi permis de prévenir les risques de chute des arbres présents sur les berges. En outre, elle a évité toute déstabilisation des berges lors de l’abaissement du niveau d’eau dans le remous de l’ouvrage.
2) ⚒️ Démolition progressive du seuil
Pour limiter au maximum l’impact de la suppression de l’ouvrage, le bief situé en amont a été vidangé très lentement, sur une période d’au moins 24 heures. Cette approche a permis de contrôler le débit d’eau et d’éviter un écoulement trop rapide. Une légère échancrure a été créée au centre de l’ouvrage pour vider progressivement la retenue d’eau, minimisant ainsi le risque de phénomène de « chasse » et permettant une gestion maîtrisée des flux.
L’arasement de l’ouvrage a été réalisé de manière progressive, afin de prévenir le relâchement de particules fines. Il a été effectué en 3 jours (2 interventions par jour) et s’est traduit par le retrait progressif des blocs. Avant cette étape, un dispositif de filtration des matières en suspension (MES) a été installé juste en aval de la fosse de dissipation. En paille, ce filtre a favorisé le dépôt des particules et a permis éviter le colmatage du substrat en aval.
Cette phase de démolition progressive du seuil a été effectuée en automne, après la période d’étiage, afin de minimiser l’impact sur les éventuels individus de Mulette épaisse (Unio crassus) présents dans le remous de l’ouvrage.

Aperçu de l’ouvrage après le deuxième « abaissement »

Filtre à paille installé en aval de la fosse de dissipation

Retalutage et constitution d’une banquette en pied de berge
3) 🚜 Reprofilage des berges
Des travaux de terrassement ont été réalisés sur les berges de l’ancien remous de l’ouvrage, visant à redonner une dynamique fluviale naturelle au cours d’eau. Ils ont consisté au rétrécissement du lit par la création d’une banquette en pied de berge, réalisée grâce à des travaux en déblai-remblai.
Par ailleurs, une partie des blocs constituant l’ancien seuil ont été réutilisés et replacés dans le lit du cours d’eau. Cette action a permis de diversifier les écoulements et de créer des abris pour la faune piscicole.
4) 🌊🚶♂️ Mise en place d’un passage à gué stabilisé
Cet aménagement permet au bétail de traverser le cours d’eau tout en faisant office de point d’abreuvement. Une barrière amovible a été installée afin de limiter l’accès au cours d’eau durant la période de pâturage.

Aperçu du passage à gué stabilisé

Aperçu de la clôture

Passage de pêcheurs aménagé parmi le système de clôtures
5) 🚧⚡ Protection des berges avec une clôture
Afin de limiter le piétinement du bétail sur les berges du cours d’eau et de favoriser le développement d’une ripisylve fonctionnelle, une clôture électrique a été installée à une distance de 1,5 mètre du sommet de la berge. Cette configuration a permis de préserver un espace suffisant pour la croissance et le développement de la ripisylve, contribuant ainsi à la stabilisation des berges et à l’amélioration de la biodiversité riveraine.
Un passage destiné aux pêcheurs a été aménagé au sein du système de clôtures, permettant un accès contrôlé tout en préservant l’intégrité des zones sensibles.
6) 💧 Préservation d’une zone humide
Dans le cadre de la préservation d’une zone humide, incluant une zone de source et une prairie humide, une clôture a été installée en périphérie afin de limiter l’impact du piétinement. En complément, un passage stabilisé et un abreuvoir gravitaire ont été aménagés pour garantir l’accès au bétail tout en préservant l’intégrité des habitats humides.

Aperçu de l’abreuvoir alimenté gravitairement par une source

Le projet prévoyait initialement l’installation de seuils de fond, un an après les travaux, pour stabiliser le lit mineur du cours d’eau. Cependant, dès l’arasement du seuil, plusieurs radiers anciens, jusqu’alors immergés, ont refait surface. Ces radiers ont immédiatement rempli leur rôle de stabilisation, rendant ainsi l’intervention prévue superflue. Par conséquent, l’opération a été annulée.


Radiers restaurés et auparavant ennoyés
Résultats des travaux
Les travaux réalisés ont permis de rétablir la continuité écologique sur un linéaire de 300 mètres, contribuant ainsi à la restauration des corridors écologiques et à la préservation des habitats aquatiques.


Site localisé au niveau de l’ouvrage hydraulique, avant et après les travaux


Berges situées à l’emplacement de l’ancien remous de l’ouvrage, avant et après les travaux
Le coût total des travaux s’élève à 48 481,2 € TTC. Le financement a été assuré à hauteur de 80 % par l’Agence de l’Eau Seine Normandie, 16 % par la Fédération Nationale de la Pêche en France, et 4 % par la Fédération de l’Aisne pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique.