L’Othain est une rivière de 2ᵉ catégorie piscicole, qui s’étend sur un linéaire de 67 kilomètres au nord-est du département de la Meuse et traverse plusieurs zones enclavées du département de Meurthe-et-Moselle. Elle draine un bassin versant de 247 km², qui abrite près de 132 hectares de milieux aquatiques (plans d’eau, mares, zones humides, etc.). Toutefois, elle a été fortement aménagée pour accueillir et faire transiter les eaux d’exhaures des mines.

Depuis l’arrêt de l’activité minière en 2004 et la fin du soutien à l’étiage, les débits sont en baisse, avec des périodes d’assec particulièrement marquées à l’amont durant la période estivale. Des dysfonctionnements hydrologiques et physico-chimiques qui seront susceptibles d’avoir un impact non négliegable sur les habitats naturels et les espèces faunistiques et floristiques qui composent l’Othain. Ces dysfonctionnements hydrologiques et physico-chimiques pourraient avoir un impact significatif sur les habitats naturels ainsi que sur les espèces faunistiques et floristiques qui peuplent l’Othain.

Parmi les espèces présentes sur le territoire, le Brochet (Esox lucius) joue un rôle central dans la biodiversité de l’Othain. En tant qu’espèce piscicole repère, il constitue un précieux bio-indicateur de la qualité écologique du cours d’eau, de part ses exigences territoriales. Son rôle d’espèce « parapluie » en fait un élément clé pour la préservation d’une mosaïque d’espèces végétales et animales, renforçant ainsi l’importance de sa protection pour l’équilibre des écosystèmes aquatiques.

L’étude des annexes hydrauliques, principales sites de reproduction des brochets, devient donc essentielle pour mieux comprendre les facteurs de dégradation des milieux aquatiques et proposer des mesures de gestion adaptées à la conservation de l’espèce et des habitats naturels.

Le 5 février 2024, la Fédération de la Meuse pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique a ainsi décidé de réaliser une campagne d’inventaires et de diagnostics détaillés des annexes hydrauliques sur l’Othain. Cette étude s’inscrit dans la continuité des inventaires déjà réalisés depuis 2008 sur la Meuse.

L’étude s’est déroulée de février à août 2024.

Le début du projet a tout d’abord consisté à identifier les annexes hydrauliques présentes sur le terrain en s’appuyant sur une typologie spécifique. Cette typologie a été conçue selon des critères hydromorphologiques précis : forêt alluviale, affluent permanent ou temporaire, ancien bras, marais, fossé, noue, bras secondaire actif, mare et chenal de crue.

Inspirée de sept études déjà réalisées par d’autres fédérations de pêche, l’étude a débuté entre mars et avril 2024, à partir d’une collecte de données de terrain bancarisées dans une base de données.

L’objectif principal défendu était de définir trois groupes d’indicateurs descriptifs des annexes hydrauliques, en tenant compte de leur fonctionnalité actuelle dans la reproduction du brochet. Ces groupes d’indicateurs ont pour mission d’étudier :

➤ les caractéristiques hydromorphologiques et hydrologiques mesurées des sites

➤ la description des habitats naturels propices à la reproduction du brochet

➤ le potentiel de restauration de ces sites

Des inventaires de terrain ont été effectués au moyen d’une tablette et de fiches de terrain afin de recueillir des données sur chaque annexe hydraulique. Bancarisées ensuite au sein d’une base de données SIG, ces informations ont permis de mettre en place un système de notation destiné à classer les différents sites en classes de qualité, définissant différents degrés de fonctionnalité des annexes hydrauliques en tant que frayères à brochet.

Essentielle pour compléter la cartographie des annexes hydrauliques, cette base de données a fourni des informations essentielles pour de futurs travaux (qualité des sites, occupation du sol, etc.) et a servi de point de départ pour étudier l’évolution des sites dans le cadre de prochains projets.

Liste des critères utilisés pour l’analyse des caractéristiques hydromorphologiques et hydrologiques

Liste des critères utilisés pour l’analyse des habitats naturels présents pour le brochet

Concernant le potentiel de restauration des annexes inventoriées, ce critère n’est pas soumis à un système de notation. Sur le terrain, l’opérateur avait pour mission de préciser si les travaux étaient nécessaires, envisageables ou superflus en fonction de l’état de dégradation des annexes hydrauliques.

Liste des annexes prospectées durant les campagnes de capture par pêche électrique

Capture par pêche électrique effectuée durant la réalisation du projet

En complément des inventaires de terrain, la fonctionnalité piscicole des annexes hydrauliques de l’Othain a été évaluée par la réalisation de pêches électriques scientifiques sur huit d’entre elles, les 15 et 16 mai 2024. La sélection de ces annexes a été réalisée en fonction de leurs caractéristiques hydromorphologiques et des habitats favorables à la croissance des brochetons.

Ces campagnes de capture étaient destinées à mettre en évidence la reproduction du brochet (présence de juvéniles) et ont permis d’évaluer la qualité de deux annexes hydrauliques ayant fait l’objet de travaux de restauration par le passé. Les pêches ont été réalisées sur huit annexes différentes, dont sept noues et un lac d’oxbow.

L’inventaire des annexes hydrauliques a contribué à la rédaction de fiches actions destinées aux structures associatives présentes sur le bassin versant de l’Othain. Ces documents proposeront des actions à entreprendre pour améliorer les fonctionnalités des sites, en tenant compte des différents critères retenus, tels que la charge de travail, la qualité des annexes hydrauliques et les observations réalisées sur le terrain.

Sur les 67 km de linéaire composant le bassin versant de l’Othain, 92 annexes hydrauliques ont été inventoriées dont 1,37 annexe/km.

Trois contextes piscicoles spécifiques ont été identifiés :

▶ Contexte piscicole « Othain 1 » : 16 kilomètres de linéaire représentant 12 annexes hydrauliques soit 0,75 annexe/km

▶ Contexte piscicole « Othain 1 et 2 » : 14 kilomètres de linéaire représentant 39 annexes hydrauliques soit 2,79 annexe/km

▶ Contexte piscicole « Othain 2 » : 38 kilomètres de linéaire représentant 41 annexes hydrauliques soit 1,08 annexe/km

Contextes piscicoles identifiés sur le bassin de l’Othain

Sur la typologie initialement décrite dans le protocole d’étude, neuf types hydromorphologiques ont été identifiés sur l’Othain. Couvrant une surface de 9,76 ha, les annexes hydrauliques inventoriées étaient composées à 80 % de chenaux de crue, de noues, de fosses et de lac oxbow. Les 20 % restants concernaient des mares, des bras secondaires actifs, des marais et des anciens bras. L’ensemble des annexes hydrauliques étaient de faible superficie (soit 110 m² par site), posant une première limite comme lieu de reproduction du brochet.

Une grande partie des annexes apparaissait déconnectée et encaissée, avec une faible fréquence de submersion des berges et un accès réduit aux habitats immergés lors des crues. Un problème grandement amplifié par le contexte hydraulique de l’Othain qui, depuis l’arrêt du rejet des eaux d’exhaure des mines en 2004, a vu son débit baisser et l’inondation du lit majeur devenir de plus en plus temporaire.

Les relevés hydromorphologiques et d’habitats naturels ont montré que 60 % (5,79 ha) des annexes hydrauliques présentaient une qualité écologique moyenne, 29 % (2,89 ha) étaient de qualité médiocre et 11 % (1,08 ha) étaient de qualité bonne.

Niveau de qualité écologique des annexes hydraulique inventoriées sur le bassin de l’Othain

La reproduction du brochet a été mise en évidence sur quatre des huits annexes prospectées. L’une d’elle a notamment fait l’objet par le passé de travaux de restauration en 2015, renforçant l’idée de consolider ces actions.

Les 92 fiches action rédigées pour chaque annexe hydraulique, avec les enjeux associés, ont permis de définir 5 niveaux de priorité différents :

La plupart des sites nécessitaient des travaux au minimum sur le terrassement, tandis qu’une minorité plus réduite était concernée, au maximum, par des travaux de gestion de la végétation.

Potentiel de restauration des annexes hydrauliques inventoriées

Réalisée dans un contexte différent de celui de la Meuse et sur un laps de temps plus court, cette étude nécessiterait la réalisation de nouvelles pêches électriques sur les annexes hydrauliques précédemment prospectées, ainsi qu’un élargissement de la surface de prospection à d’autres sites.

Ce projet d’étude a été financé à 80% par l’Agence de l’Eau Rhin Meuse et à 12 % par la Fédération Nationale de la Pêche en France.