Des chercheurs français et chinois ont évalué l’impact de l’activité anthropique sur les peuplements piscicoles de 2 456 bassins versants répartis sur le globe. Les bassins étudiés hébergent plus de 14 000 espèces de poissons d’eau douce, ce qui représente 80% de la faune piscicole mondiale.
1 bassin étudié sur 2 présente un peuplement piscicole impacté par l’activité anthropique.
Les auteurs ont élaboré un outil permettant de mesurer les modifications des « facettes de la biodiversité piscicole ». Ces facettes ont été estimées par des indices de diversité. Ces indices ont été calculés à partir des données d’occurrence (d’après les données du freshwater Biodiversity Data Portal), des traits fonctionnels ainsi que de la diversité phylogénétique des assemblages piscicoles des différents bassins étudiés.
Chaque indice a été calculé pour un état actuel et un état historique (avant XVIIIe) en vue d’être comparé 2 à 2. Pour chaque bassin a été attribué un score allant de 0, absence de changement dans les assemblages piscicoles, à 12, forte modification de la biodiversité piscicole.
D’après cette étude, les assemblages piscicoles issus des bassins tempérés seraient les plus impactés avec un score CCBF supérieur à 6 dans 60% des cas. Le score CCBF du bassin de la Seine serait quant à lui de 10.
Fig. 2. Cumulative change in biodiversity of freshwater fish faunas. (C) Scaled coefficient of the eight drivers of biodiversity change in an autoregressive error model in each realm (NSR, native species richness; RBA, river basin area; TEA, temperature anomaly since the last glacial maximum; NPP, net primary productivity; FPT, human footprint; GDP, gross domestic product; DOF, degree of fragmentation; USE, consumptive water use). Number of river basins used in the models: Afrotropical, n = 198; Australian, n = 525; Nearctic, n = 241; Neotropical, n = 350; Oriental, n = 292; Palearctic, n = 729. ***P < 0.001, **P < 0.01, *P < 0.05. Tiré de DOI: 10.1126/science.abd3369.
I l s’est avéré que le score CCBF était positivement lié aux activités humaines (FPT), c’est à dire que plus l’activité humaine est présente, plus elle impacterait la biodiversité piscicole. De plus, la fragmentation des rivières (illustrée par DOF) serait également un facteur de perturbation des assemblages piscicoles.Les deux figures ci-dessus sont tirées de DOI: 10.1126/science.abd3369. Celle de gauche présente en vert les bassins avec des peuplements piscicoles peu modifiés. La figure de droite présente les scores CCBF pour l’ensemble des bassins étudiés ainsi que les facteurs impactant directement la biodiversité piscicole.
En bref
La moitié des bassins étudiés présenteraient une biodiversité piscicole lourdement impactée par l’activité humaine. De plus, une tendance à l’homogénéisation des peuplements piscicoles est constatée, ceci étant probablement dû à l’introduction d’espèces en dehors de leur bassin d’origine.
Les auteurs ont ici proposé un outil de mesure des perturbations de la biodiversité piscicole, de priorisation et d’information ; les objectifs étant d’adapter les mesures de gestion et de conservation des milieux aquatiques.