Les seuils et barrages sont des ouvrages entraînant une rupture au sein du cours d’eau : il forment une coupure transversale des rivières. Ils ont été construits dans le but d’irriguer, d’utiliser la force hydraulique pour faire tourner les moulins, de rendre navigable certains cours d’eau, de produire de l’hydroéléctricité…
A ce jour, la plupart de ces obstacles n’ont plus d’usage économique mais continuent pourtant d’impacter le fonctionnement de nos hydrosystèmes.
Obstacles transversaux & continuité écologique
En effet, ces obstacles bloquent le transport des sédiments ainsi que les migrations de la faune aquatique (poissons, insectes). De nombreux poissons qu’il s’agisse de petits ou de grands migrateurs, ont besoin de descendre et de remonter le cours d’eau pour accomplir leur cycle de développement. Il s’agit d’un besoin vital. Certains ont la capacité de sauter, c’est loin d’être une majorité ! La franchissabilité d’un obstacle varie en fonction de nombreux paramètres (attractivité, vitesses d’écoulement, hauteur d’eau…) mais il est courant de considérer qu’un seuil dont la hauteur de chute est supérieur à 30 cm est susceptible de pénaliser la migration de la plupart des espèces. De plus, l’énergie dépensée par les poissons pour franchir l’ouvrage ne sera plus mobilisable lors de la phase de reproduction. Les risques d’épuisement, de blessures, de prédation ou de propagation de maladie induits par la présence d’obstacles sont conséquents. Même les plus petits obstacles perturbent l’écologie du milieu et fragmentent les habitats.
Les obstacles perturbent également l’hydromophologie du cours d’eau et son transport sédimentaire. En effet, les sédiments se retrouvent bloqués en amont de l’ouvrage. Conséquences ? Le lit de la rivière en amont s’envase : les sédiments ne pouvant passer en aval de l’ouvrage s’accumulent. Les seuils et barrages modifient la dynamique d’érosion et de transport sédimentaire propre au cours d’eau. Les ouvrages transversaux amplifient le phénomène de colmatage du substrat.
Enfin, ces ouvrages transversaux modifient le régime hydraulique propre à la rivière. Une quantité importante d’eau bloquée en amont s’évapore, la température de l’eau augmente, ce qui favorise le processus d’eutrophisation. L’eau relâchée en aval va se dissiper fortement et creuser ; creuser le lit de la rivière à la verticale et creuser latéralement les berges, si ces dernières le permettent.
Les ouvrages transversaux, quelque soit leur taille, sont une coupure à la continuité écologique. Reconquérir la continuité écologique est une des priorités pour atteindre l’objectif de bon état des masses d’eau fixé par la DCE.
La restauration de la continuité écologique
Les différents acteurs de l’eau proposent des solutions en fonction des contextes techniques, financiers, historiques, écologiques et ce pour chaque cours d’eau. En général, l’arasement d’ouvrage qui représente la suppression du seuil ou du barrage reste la solution la moins coûteuse et la plus efficace. Lorsqu’un usage économique est dépendant du barrage (hydroélectricité, meunerie…) ou que celui ci présente un intérêt patrimonial remarquable, il peut être envisageable de trouver des solutions alternatives telles que des rivières de contournement. Il s’agit de petites rivières artificielles, permettant aux poissons de contourner l’ouvrage et d’accéder à des zones indispensables à certaines étapes de leur vie tout en préservant l’usage et le patrimoine bâti. Il est également possible de mettre en place des passes à poissons. Il s’agit souvent de marches successives, qui permettent de découper la hauteur de chute initiale en plusieurs petites chutes d’eau plus facilement franchissables pour les poissons. Seulement, cette solution présente des nombreux inconvénients : elle ne règle pas les problèmes de transport sédimentaire, la passe à poissons est souvent sélective vis à vis des individus les moins performants, le coût de conception est important et enfin, le dispositif nécessite un entretien régulier afin d’assurer son bon fonctionnement tout au long de l’année.