
Contexte du projet
Entre 2021 et 2022, une étude a été réalisée sur une annexe hydraulique située dans le lit majeur de l’Eure, près de la commune de Ménilles. Ce secteur se trouve sur un parcours de pêche géré par l’AAPPMA Les Pêcheurs Vallées d’Eure. L’annexe, un fossé répertorié en 2010, avait été identifiée en 2019 comme une frayère à fonctionnalité incertaine pour la reproduction du brochet (Esox lucius).
Bien que sa configuration et la végétation en place semblaient théoriquement propices à la reproduction du brochet, un merlon vaseux provoquait une déconnexion totale avec le cours d’eau, même en période de crue. Cette situation risquait de piéger les juvéniles et les adultes dans le fossé. Les inventaires menés en 2019 n’ont pas permis de confirmer la présence de brochets ou de brochetons sur ce secteur. Parallèlement, une campagne d’inventaires menée par un bureau d’études spécialisé a permis de répertorier la faune et la flore remarquable. Au total, 53 espèces végétales, 32 espèces d’oiseaux, ainsi que six espèces d’odonates, de rhopalocères et d’orthoptères ont été recensés. Aucune de ces espèces n’avait d’enjeu réglementaire en l’état et les habitats naturels ne constituaient pas un enjeu particulier.
À l’issue de cette étude, la Fédération de l’Eure pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique a décidé de lancer un projet de restauration de la zone humide afin de redonner à celle-ci toutes ses fonctionnalités écologiques.
Déroulement du projet
La Fédération de Pêche a pris en charge la réalisation de l’étude préalable ainsi que la concertation avec les propriétaires et les acteurs concernés, afin de définir avec précision le projet. Un diagnostic, des mesures hydrologiques et des levés topographiques ont été effectués sur le terrain pour déterminer les actions nécessaires à la restauration de la zone humide.
À l’issue de cette étude approfondie, trois principaux facteurs limitants affectant la qualité de la zone humide ont été identifiés.
● Une végétation à faible intérêt écologique (orties, ronciers, etc.)
● Une déconnexion de l’annexe, causée par la présence d’un merlon vaseux
● Des épisodes de crues trop rapides, réduisant la durée d’inondation de la zone humide et, par conséquent, sa fonctionnalité.
Les travaux réalisés, en accord avec ces constats, ont été les suivants :
1) La restauration de la végétation
La première étape a consisté en un débroussaillage et une réouverture complète du fossé, en supprimant les ronciers, arbustes et phragmites sur une surface de 3 500 m². Les quelques arbres encore sains, notamment de vieux frênes, ont été conservés.
2) Le reprofilage du fond du fossé et la suppression du bouchon vaseux
En aval de la zone, le fond du fossé a été reprofilé sur 260 mètres linéaires, incluant le bouchon vaseux, afin d’homogénéiser la côte de fond sur 0,8 à 1 mètre de largeur. L’objectif était de créer une pente homogène et continue, sans point haut susceptible de pouvoir piéger les poissons.
3) Le retalutage des berges en pente douce
Le reprofilage du fossé s’est accompagné d’un retalutage des berges, leur conférant une pente douce favorisant leur submersion en périodes de crue. Cet ennoiement temporaire a permis d’augmenter la surface utile pour la reproduction du brochet.
L’entretien de la zone a été pris en charge par l’AAPPMA des Pêcheurs Vallée d’Eure, et un panneau de sensibilisation a été installé sur le site.

Zone humide durant les travaux de reprofilage et de retalutage

Zone humide fonctionnelle à la fin des travaux

Brocheton capturé dans la zone humide restaurée
Résultats
Les travaux entrepris durant ce projet ont permis la restauration et la reconnexion d’une Zone Humide d’Intérêt Piscicole de plus de 3 000 m².
Suivis post-travaux
La Fédération de l’Eure pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique a mis en œuvre un suivi avant et après les travaux. Les protocoles réalisés pour l’état initial et le suivi, un an après, ont été :
● La réalisation d’un profil en long, démontrant la reconnexion totale du fossé et la bonne réalisation des travaux.
● Le maintien dune sonde de mesure des niveaux d’eau, permettant de connaître la fréquence d’inondabilité de la zone et les hauteurs d’eau.
● Le suivi des habitats et des inventaires faune/flore, dont les résultats sont en cours d’acquisition.