Contexte du projet
Le marais de l’Aure Inférieure, situé à l’Est des marais du Cotentin et du Bessin, est constitué d’une vaste plaine gagnée sur la mer dans sa partie aval. Sur ce secteur, le réseau hydrographique était sous l’influence de 6 ouvrages hydrauliques. Prenant la forme de « vannes levantes », ces aménagements gérés par l’Association syndicale autorisée (ASA) de la Vallée de l’Aure Inférieur permettaient de maintenir une lame d’eau affleurante hors période de submersion afin d’alimenter en continu les différents fossés présents sur le territoire et ainsi de pérenniser les usages de l’eau liés à la pratique de l’agriculture et de la chasse.
Parmi ces ouvrages, le vannage du Pont de l’Acre, installé sur le canal de l’Esque (affluent de l’Aure inférieure), contribuait à l’alimentation en eau de la Vieille Aure, dont la diffluence est localisée quelques centaines de mètres en amont. Il constituait cependant un obstacle à la continuité écologique en raison de sa hauteur de chute en période basse d’eaux (0,85 m), le rendant infranchissable pour l’Anguille Européenne (Anguilla anguilla) et le Brochet (Esox lucius), 2 espèces repères à l’échelle de ce bassin.
Afin de restaurer le potentiel piscicole du cours d’eau, la Fédération du Calvados pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique, qui avait notamment fait l’acquisition d’une parcelle mitoyenne du vannage pour créer une frayère à brochet, s’est portée maître d’ouvrage par délégation des travaux d’aménagement d’une rivière de contournement dimensionnée et équipée d’une passe à poissons.
Vannage du pont de l’Acre
Marais de l’Aure Inférieure
Objectifs du projet
Les travaux entrepris durant ce projet devaient répondre à plusieurs objectifs :
- La restauration de la continuité écologique pour les espèces cibles présentes sur le marais
- La restauration du caractère « humide » de la parcelle mitoyenne
- La mise en conformité règlementaire du vannage du pont de l’Acre
- L’encadrement de la gestion des niveaux d’eau des marais de l’Aure Inférieure
Déroulement des travaux
Les travaux se sont déroulés de juillet à octobre 2023 pour une durée de réalisation de 31 jours.
- Mise à sec du fond de fouille
- Suppression des anciennes protections de berges en rive gauche
- Terrassement en déblai pour la réalisation de la passe
- Terrassement en remblai pour la mise à niveau des terrains situés entre la passe et le vannage
- Soutènement du fond de la passe à l’aide de radeaux de bois fichés horizontalement
- Mise en place de blocs 250/400 mm de fond de passe
- Installation de seuils franchissables en béton armé de 0,6 m de large et équipés de rampes rugueuses. Les échancrures ont été passées au burin afin de créer de la rugosité pour la reptation d’anguilles
- Rampe de transition 400-600 mm en amont de la passe
- Pose d’une protection de berge en tunage bois en entrée et sortie de passe
- Reprofilage des talus en pente douce (3H/1V) sur 50 mètres linéaires en amont de la passe et végétalisation des berges
- Mise en place d’enrochement 300/400 mm pour la protection des talus
- Création d’une noue pouvant servir de frayère à brochet en amont du vannage
Déjà des résultats ?
Source : FDAAPPMA 14
Grâce à cet aménagement, le vannage du pont de l’Acre, tout en alimentant toujours la Vieille Aure, n’est désormais plus un obstacle pour la continuité écologique. La faune piscicole migratrice est aujourd’hui libre de circuler dans le lit du cours d’eau et devrait ainsi refaire son apparition en amont de l’ouvrage dans les prochaines années. Les résultats pour 2024 semblent d’ailleurs prometteurs comme en témoigne le graphique ci-dessus représentant l’indice d’abondance anguilles sur une station située en amont du vannage du Pont de l’Acre entre 2017 et 2024. Le nombre d’individus < 150 mm capturés à l’année a triplé entre 2023 et 2024.
Une première constatation qui démontre l’efficacité de l’aménagement sur le comportement migratoire de l’espèce. Un projet qui arrive ainsi à concilier usages de l’eau et préservation des milieux aquatiques.
Pour en savoir en plus sur les travaux de restauration de la continuité écologique effectués à l’échelle du bassin Seine Normandie, n’hésitez pas à consulter la carte interactive de l’OPSN.
Résultats en photos
Le montant du projet s’est élevé à 263 261 € TTC. Les actions réalisées ont été financées à hauteur de 60 % par l’Agence de l’Eau Seine Normandie et de 10 % par la Fédération Nationale de la Pêche en France.