Contexte du projet
Affluent de l’Huisne, la Rhône est un petit cours d’eau d’une longueur d’environ 17 km, prenant sa source sur la commune d’Authon-du-Perche (à 205 m d’altitude) et se jetant dans l’Huisne à Nogent-le-Rotrou (à 103 m d’altitude). Elle s’écoule dans un bassin versant de 104 km², sur deux départements : l’Orne (61) et l’Eure-et-Loir (28).
En 2019, la Fédération d’Eure-et-Loir pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique a souhaité s’investir dans la restauration de la continuité écologique des cours d’eau du bassin versant de la Rhône. Elle a donc décidé de reprendre et d’affiner le diagnostic environnemental mené en 2014 par le Parc Naturel Régional du Perche sur l’ensemble des cours d’eau du bassin.
Suite à ce diagnostic, la Fédération de Pêche a décidé de porter un projet de restauration de la continuité écologique de la Rhône au lieu-dit « La Pitarnière », près de la commune de Nogent-le-Rotrou. Sur ce site, le cours d’eau souffrait de nombreux dysfonctionnements hydrauliques et écologiques majeurs liés à deux ouvrages hydrauliques :
- Le moulin de Pseau (ROE 104505) : un aménagement alimentant autrefois un moulin aujourd’hui non exploité
- Le vannage de la Pitarnière (ROE 44194) : un ouvrage de dérivation qui orientait l’eau de la rivière vers un bief (bief du moulin de Pseau).
Selon le protocole ICE (Indice Continuité Écologique), ces deux ouvrages étaient classés comme infranchissables pour les deux espèces piscicoles repères présentes sur le bassin versant : l’Anguille Européenne (Anguilla anguilla) et la Truite Fario (Salmo trutta). Ces deux espèces n’étaient pas en capacité de circuler librement dans le lit du cours d’eau pour accomplir leur cycle biologique (reproduction, alimentation, développement…). Les deux ouvrages entravaient également le transit sédimentaire, perturbaient la dynamique fluviale naturelle du cours d’eau et dégradaient la qualité de l’eau et des habitats naturels.
Après concertation avec les acteurs locaux, la Fédération s’est portée maître d’ouvrage et maître d’œuvre afin de procéder au démantèlement de l’ouvrage de la Pitarnière, dont le droit d’eau a été abrogé par l’arrêté du 26 décembre 2016, et de réaliser des travaux d’aménagement dans le lit mineur du cours d’eau. Ce projet concilie la restauration de la libre circulation piscicole et sédimentaire, tout en préservant les usages présents sur le site.
Brèche aval en rive gauche de la Rhône
Vue aval du vannage de la Pitarnière
Objectifs des travaux
Les travaux réalisés durant ce projet avaient pour objectifs :
- La restauration de la continuité écologique au droit de l’ouvrage
- La conservation du bief artificiel et de ses fonctionnalités (usages de l’eau)
- La restitution de 80 % du débit au cours naturel de la Rhône et de 20 % du débit au bief artificel
Descriptif détaillé des travaux
Avant la réalisation des travaux, la Fédération a souhaité effectuer des campagnes de capture par pêche électrique, notamment des Indices Poissons Rivières (IPR), afin d’établir un état initial du peuplement piscicole en place. Elle a également réalisé des Indices Invertébrés Multi-métriques (I2M2) pour compléter ces résultats. Le diagnostic écologique a été effectué sur le cours naturel de la Rhône ainsi que sur le bief.
Les travaux ont été effectués en 2023.
Colmatage de la brèche aval en rive gauche de la Rhône
Colmatage de la brèche amont en rive gauche de la Rhône
Afin de garantir un niveau d’eau convenable dans le bief et de restaurer la prairie adjacente, les deux brèches, formées en rive gauche, ont été colmatées.
Boudin absorbant en liège
Barrage filtrant en paille
- Un boudin absorbant en liège a été mis en place dans le lit du cours d’eau en aval du chantier afin de prévenir toute pollution par les hydrocarbures
- Des barrages filtrants constitués de paille ont été installés pour éviter le départ des matières en suspension dans le lit du cours d’eau durant les travaux
- Pour pouvoir créer le nouveau lit hors d’eau, l’ensemble du débit a été momentanément dérivé vers le bief
- À l’extrémité de la zone de terrassement, une motopompe a été installée pour assurer un débit minimum dans le lit du cours d’eau. De plus, une campagne de capture par pêche électrique a été organisée afin d’évacuer les poissons de la zone asséchée
- Le fond de forme a été préparé avant la mise en place du matelas alluvial
L’ancien vannage a été comblé ainsi qu’une petite partie de l’ancien lit.
Afin de permettre l’entretien de la parcelle située entre le bief et le cours d’eau, deux passages à gué ont été aménagés aux extrémités.
Un important travail d’entretien de la végétation a été effectué afin de faciliter l’accès aux parcelles et au nouveau lit du cours d’eau.
Vue aérienne du lit de la Rhône durant l’entretien de la végétation
Et après ?
Quelques années après les travaux, la Rhône, en amont et en aval de l’ouvrage de la Pitarnière, sera de nouveau suivi par des des inventaires des frayères de truite fario et des Indices Invertébrés Multi-métriques (I2M2). Les résultats recueillis permettront d’analyser l’efficacité des travaux de restauration réalisés.
Résultats
La libre circulation piscicole et sédimentaire a ainsi été rétablie grâce à la création d’un nouveau lit de la Rhône sur 42 mètres linéaires, à une recharge sédimentaire effectuée sur un peu moins de 100 mètres linéaires, et à la mise en place d’une diffluence entre le bief et la Rhône en amont de l’ancien seuil supprimé de la Pitarnière.
Présentation du projet en vidéo
Le montant total des travaux s’élève à 48 312,66 € TTC. Le projet a été financé à 84 % par l’Agence de l’Eau Loire Bretagne (48%) et par le Conseil Départemental d’Eure-et-Loir (48 %).